Biographie

Velibor Čolić est né en 1964 en Bosnie. Jeune chroniqueur radiophonique et écrivain il s’est trouvé enrôlé dans l’Armée bosniaque aux pires moments de la guerre, témoin des abominations commises dans les tranchées et les villages « ethniquement purifiés ». Il déserte l’armée croato-bosniaque en 1992, puis est fait prisonnier avant de réussir à s’enfuir.

Réfugié politique en France, il vit longtemps à Strasbourg, où il travaille dans une bibliothèque et collabore aux Dernières Nouvelles d’Alsace. Auteur de plusieurs ouvrages en serbo-croate (cinq en tout), traduits en français par Mireille Robin, il s’attache à combattre, par la littérature, le désarroi extrême de ceux qui ont vu abolir toute humanité en l’homme.

Archanges (roman a capella) est le premier ouvrage de Velibor Čolić écrit directement en français, langue de son exil. Inspiré par sa propre histoire, Velibor Čolić revient dans ses deux derniers livres sur les années de guerre qui ensanglantèrent les Balkans.

Dans Jésus et Tito, ouvrage foudroyant sur la folie des années 1990, qu’il publie en 2010, il égrène les souvenirs de son pays natal comme on feuillette un album-photo.

Avec Sarajevo Omnibus (Gallimard, 2012), il remonte plus loin dans l’histoire de son pays, véritable poudrière qui enflamma l’Europe en 1914. Autour de la figure de Gavrilo Princip, le jeune serbe qui assassina l’archiduc François-Ferdinand, se déploie une riche constellation de personnages. Curés, rabbins et imams, officiers russes et prix Nobel se côtoient dans un roman à l’image des Balkans : infiniment complexe, mais irrésistiblement vivant.

Ederlezi (comédie pessimiste) (Gallimard, 2014) retrace l’histoire, à travers le XXe siècle, d’un fameux orchestre tzigane composé de musiciens virtuoses, buveurs, conteurs invétérés, séducteurs et bagarreurs incorrigibles. Ils colportent leurs blagues paillardes, leurs aphorismes douteux et leurs chansons lacrymogènes de village en village. L’orchestre sombrera dans les grands remous de l’histoire : englouti en 1943 dans un des camps d’extermination où périrent des milliers d’autres Tziganes, il renaîtra pour être de nouveau broyé par la guerre d’ex-Yougoslavie en 1993. Chaque fois, le meneur de l’orchestre, Azlan, semble se réincarner. On le retrouve finalement dans la «Jungle» de Calais en 2009, parmi les sans-papiers et les traîne-misère qui cherchent un destin aux franges de la modernité.

Manuel d’exil. Comment réussir son exil en trente-cinq leçon (Gallimard, mai 2016). «Fraîchement restauré, le foyer de demandeurs d’asile à Rennes me fait penser à mon lycée. Une grande porte vitrée, d’interminables couloirs, sauf qu’ici au lieu des salles de classe on a des chambres pour les réfugiés. Dans le hall central il y a une carte du monde avec les petits drapeaux du pays des résidents. La misère du monde s’est donné rendez-vous à Rennes en cette fin d’été 1992.
Je suis accueilli par une dame aux énormes lunettes. Elle parle doucement en me regardant droit dans les yeux. Je saisis que je vais avoir une chambre simple, pour célibataire, que la salle de bains et la cuisine sont communes et que j’ai droit à un cours de français pour adultes analphabètes trois jours par semaine.
Je suis un peu vexé :
– I have BAC plus five, I am a writer, novelist…
– Aucune importance mon petit, répond la dame. Ici tu commences une nouvelle vie…»
Après avoir déserté l’armée bosniaque, le narrateur se retrouve sans argent ni amis, ne parlant pas le français, dans un foyer pour réfugiés. Dans une langue poétique, pleine de fantaisie et d’humour, Velibor Čolić aborde un sujet d’une grande actualité et décrit sans apitoiement la condition des réfugiés, avec une ironie féroce et tendre.

Ses livres ont été traduits en anglais, allemand, italien, espagnol, grec, turc, serbe et croate.

Il vit actuellement à Douarnenez, en Bretagne.

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